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Le Bilan en Avril 2001

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En juin 1999, j'ouvrais la rubrique BeOS de l'Espace Cubase VST avec un immense espoir : la sortie de Nuendo. Je pensais que l'ECVST devait s'impliquer et informer ses visiteurs : Windows ne serait peut-être plus une fatalité.

J'ai alors fait un peu de bruit autour de BeOS : information sur les Mailing-Lists ECVST, ouverture d'une Mailing-List BeOS-fr, création d'une rubrique BeOS sur votre site préféré etc.

Presque deux ans plus tard, alors que le doute et la démotivation s'installent parfois dans la communauté BeOS, il m'a semblé utile de faire un bilan provisoire.


Petit retour en arrière : en 1999, avec les versions R4 et R4.5, BeOS commence à atteindre le grand public alors qu'il était réservé jusque là à une communauté de développeurs. Il est présenté comme un OS (Operating System ou Système d'Exploitation) particulièrement adapté aux besoins audio et Vidéo, moderne avec tout ce qu'il faut là où il faut : multitâche, multi-thread, mémoire protégée, simple à installer et à utiliser etc.

Les utilisateurs restent bluffés devant sa rapidité, sa robustesse, sa stabilité, sa simplicité, y a d'quoi ! Perso, j'achète la chose et entame une campagne d'évangélisation ,o)

A cette même époque, de grands noms lancent des projets de portage de leurs applications, notamment Emagic (Logic Audio) et... Steinberg avec Nuendo. BeOS est alors l'OS à la mode et un tas de sites vantant ses mérites voient le jour (voir la page Matériel / OS - Liens).

Parallèlement, les premières applications proposées au public sont souvent le fruit du travail de programmeurs indépendants, un peu comme on le voit dans le monde Linux, gratuité et Open Source sont de mise.


Seulement voilà, Be Inc. ne gagne pas un radis avec BeOS, au contraire, les pertes comportent un certain nombre de chiffres avant la virgule. Sans parler de la cotation en bourse qui devrait normalement empêcher Jean-Louis Gassé de dormir.

Donc, début 2000, Be Inc. annonce qu'ils vont changer leur stratégie. En gros, Be se "recentre" sur les "Internet Appliances" (appareils de toutes sortes à connecter sur Internet) en développant BeIA, qui sera à base de BeOS. Dans le même temps, BeOS devient gratuit avec sa version R5 Personnal Edition (la version Pro est équivalente mais propose quelques bricoles supplémentaires qui nécessitent l'achat de licences, d'où sa non gratuité) et une partie du code source est rendu public, notamment le "Tracker" et la "DeskBar" qui ne sont ni plus ni moins que l'interface graphique de BeOS.

Be Inc ne brillant pas par ses qualités de communication, le doute s'installe alors dans l'esprit d'Emagic et de Steinberg. D'autres suivront. Les questions qu'ils se posent de façon tout à fait légitime, sont du genre : BeIA semblant devenir la priorité, BeOS sera-t-il maintenu ?

On peut comprendre alors que Steinberg n'ait pas souhaité commercialiser Nuendo alors que le travail de développement était terminé ou presque. Ceux qui ont pu en voir des démos sur divers salons, en ont encore la langue qui pend ! Le raisonnement de Steinberg a été le suivant : alors que le développement avait déjà un coût, fallait-il prendre le risque d'engager des dépenses de promotion et de marketing pour commercialiser Nuendo alors que rien ne garantissait que BeOS serait encore développé ou maintenu ? La fin de BeOS signifierait aussi la mort de Nuendo. N'oublions pas que Steinberg a souvent parié sur des plates-formes en prenant des risques. Souvenez-vous de l'Atari !

Be Inc. n'a pas su rassurer ses partenaires par manque de communication. Ils ont beau dire que BeIA s'appuyant sur BeOS, le développement de BeOS allait de soi, la réponse à la question de la continuité de BeOS n'est toujours pas claire. On sait que toute la force de frappe est mise sur BeIA. Pour preuve, on peut avancer que les améliorations de BeOS promises (BONE, la nouvelle couche réseau, ou encore l'OpenGL) ne sont toujours pas là. Ou encore que depuis la sortie de la R5, à part un correctif vite sorti, aucune mise à jour n'a été proposée. Réponse d'un sympathique ingénieur de chez Be : ça sortira quand ce sera prêt ! En attendant, les utilisateurs... attendent, perdent parfois patience et quittent l'aventure.

L'abandon de BeOS par Steinberg a probablement eu une grosse influence sur le monde BeOS. En effet, fin 1999, Nuendo était sur toutes les lèvres, ce serait l'application phare qui lancerait le mouvement. Steinberg lâchant l'affaire, les autres ont dû prendre peur aussi ! Aujourd'hui, seul Peak (le WaveLab du Mac) est encore annoncé. Pour le reste, on compte plus de défections que d'annonces. Le dernier abandon marquant : T-Racks, logiciel de mastering qui, proposé sur BeOS en version 1.x, ne verra pas le jour en version 2.x alors que les versions Mac et PC sont sorties. Je pourrais aussi citer BeWeare (Get-it, Mait-il...) qui ont mis le développement Beos au placard pour se concentrer sur une plate-forme plus rentable alors qu'ils ont été parmi les premiers à proposer des applications commerciales de niveau professionnel. Etc, etc...

Alors bien sûr, il y a une autre conséquence dramatique : les fabricants de hardware n'ont que très peu d'intérêt à fournir des drivers pour BeOS. Pas de drivers, pas d'utilisateurs, pas d'utilisateurs, pas de drivers. Remplacez le mot drivers par applications, ça marche aussi...


A fréquenter la très sympathique communauté BeOS, on se rend compte que la démotivation et le découragement l'ont également atteinte. Je dois bien avouer moi aussi...

Ben oui, malgré toute la passion que j'ai pu avoir pour BeOS, je dois bien reconnaître que pendant deux ans, j'ai surtout utilisé BeOS pour... gérer les emails. Arf, bien sûr, on trouve de ci de là des applications fonctionnelles et souvent gratuites mais qui, pour la plupart, ne peuvent rivaliser avec leurs inspiratrices Windowsiennes. Perso, ça ne me suffit pas. Certains programmeurs de plug-ins VST compilent même leurs softs pour BeOS mais on cherche encore les applications hôte...

Et Linux ? Ben, même s'il est clair que Linux ne subit pas la même pression commerciale (le risque financier ne repose pas sur une seule société) et dispose de plus de drivers et de plus d'applications, il ne se positionne pas comme un OS orienté multimédia.

Conclusion, il se pourrait bien que Windows reste encore pour quelques temps la seule solution pour travailler sur PC... Sinon, voyez du côté Apple ,o)

Tout n'est peut-être pas perdu. Mais il sera extrêmement difficile pour Be de regagner la confiance générale, que ce soit côté utilisateurs déçus ou côté éditeurs... En attendant, la rubrique BeOS de l'ECVST est, espérons-le provisoirement, abandonnée...

Pascal VALENTIN, le 24-03-2001

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