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Tonalité et Gamme

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Nous avons dit dans le chapitre précédent que nous allions aborder la musique comme si nous construisions un appareil qui devait fonctionner. Chaque élément a donc une fonction comme s'il s'agissait d'une roue ou d'un engrenage.

Par ailleurs, il y a quelques chapitres, nous avions parlé des gammes comme une palette de notes choisies parmi toutes les combinaisons possibles.

Il y a beaucoup de gammes, la plus connue est celle de Do majeur (nous verrons plus tard pourquoi cette appellation de "majeur"). La plupart des instruments sont construits pour que la gamme de Do majeur soit la plus facile à jouer. Dans le cas d'un clavier, cette gamme est matérialisée par les touches blanches, les touches noires représentent les dièses et les bémols et sont considérées comme des notes étrangères à la gamme (à la tonalité). Il y a bien entendu d'autres gammes, mais elles exigent l'inclusion des touches noires, nous verrons cela plus tard.

Et comme nous avons parlé de fonctionnement de la musique, nous allons faire une première observation : celle qui nous permet la définition de tonalité.

Si nous jouons sur les touches blanches d'un clavier de façon aléatoire ou désordonnée, nous allons commencer à ressentir une espèce de climat sonore, une espèce d'attraction, une sensation de repos lorsque nous jouons le Do. C'est comme si toutes les notes accomplissaient une espèce de ballet sonore autour du Do, perçu comme note de repos final. Et bien, nous avons découvert la tonique.

Donc dans notre approche fonctionnaliste de la musique, nous pouvons définir la tonalité comme un univers, une palette, un groupe de notes qui a une attraction vers la tonique. Cette attraction est réelle et si nous improvisons une mélodie simple sur les touches blanches, nous verrons que l'oreille n'est complètement satisfaite que si nous finissons notre improvisation sur un Do. Bien entendu nous devons faire cette expérience d'une oreille naïve, un peu comme si c'était la première fois que nous entendions de la musique, car l'oreille cultivée accepte des tournures plus sophistiquées. Certains pourront trouver cette expérience trop simpliste, certes, mais une attitude de ce type nous permettra de comprendre les origines de notre système musical occidental et son évolution jusqu'à nos jours.

Nous pouvons comprendre que "tonalité" ne signifie pas toujours "gamme". Une gamme est une présentation des notes de la tonalité de façon ordonnée. Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, tandis que si nous jouons ces notes dans le désordre, nous ne jouons pas des gammes même si nous restons toujours dans la tonalité, qui n'est qu'une palette sonore.


Nous avons parlé de la tonique comme pôle d'attraction de la tonalité, mais si nous faisons attention nous pouvons reconnaître des couleurs personnelles à chaque note ; Par exemple le Si (la septième) est la note qui possède la plus forte attraction vers la tonique.

Si nous expérimentons toujours avec notre oreille naïve nous verrons qu'il est inconfortable de finir notre improvisation sur un Si car il sollicite notre oreille vers le Do. C'est pourquoi cette note, la septième de la tonalité est appelée "sensible" .

Nous commençons donc à découvrir qu'en effet, la musique "fonctionne" comme une machine.

Chaque note de la tonalité est affublée d'un nom particulier en fonction du rôle qu'elle accomplit (je préfère dire la "fonction qu'elle accomplit").

Nous connaissons déjà la fonction "tonique" et la fonction "sensible" mais il y a d'autres fonctions, quoique moins évidentes au départ, mais petit à petit elles nous révéleront tous leurs secrets.

En voilà le nom de toutes.

Tonique, Super tonique, Moyenne, Sous dominante, Dominante, Super dominante, Sensible.

Cependant pour faciliter les choses on parle souvent de premier, deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième et septième degré, en les indiquant par des chiffres romains.

I, II, III, IV, V, VI, VII.

Fréquemment on appelle les degrés : fondamentale, seconde, tierce, quarte, quinte, sixte et septième.


Origine des accords

Les accords se construisent par superposition de tierces. Un accord peut contenir de trois à douze notes.

Pour des raisons méthodologiques nous allons commencer à travailler avec des accords à trois notes.

Si nous nous représentons notre gamme de Do majeur sur une portée, nous pourrons commencer à construire tout naturellement des accords à trois notes.

Note : Une superposition de deux notes n'est pas un accord mais un "intervalle harmonique". Accord il y a à partir de trois notes.

Selon l'harmonie traditionnelle ces accords s'appellent "Accord de Ier degré de Do Majeur, Accord de Ile degré de Do majeur, etc".

Selon le "Lydian concept" ces accords s'appellent accord de Do majeur, accord de Ré mineur, accord de Mi mineur, etc., mais pour l'instant nous ne nous occuperons pas de cette nomenclature.

Nous avons ici une panoplie complète qui nous permettra de commencer à composer (le mot est un peu prématuré mais correct) des petits morceaux très primaires qui ne dépassent pas le niveau d'exercice d'harmonie.


Pour finir aujourd'hui, je vous propose un petit dessert. J'anticipe un peu sur les cours à venir mais cette petite expérience est destinée à vous démontrer qu'en effet ces accords ainsi placés sur une gamme majeure constituent déjà tout un univers complet qui peut servir à construire un morceau, du point de vue harmonique.

Je vous donne tous les accords à quatre notes que l'on peut construire sur la gamme de Do majeur :

Entraînez-vous à jouer ces accords avec la main gauche. Cela ne pose aucun problème car la position est toujours la même et il suffit de déplacer l'avant bras.

Un conseil pour les non claviéristes. Ne cherchez pas à déchiffrer les notes sur la portée une à une. Apprenez seulement le premier accord et ensuite avec la main toujours dans la même position ? imaginez une fourchette - déplacez-vous d'une note à la fois en vous concentrant seulement sur votre 5ème doigt.

Jouez-les d'abord dans l'ordre, ensuite dans le désordre. Vous pouvez laisser tomber l'accord de VII degré, plus tard vous saurez pourquoi.

Mario LITWIN, le 07-11-1999

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