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Erreurs de codage selon M. Geiss

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Michel GEISS

a travaillé avec Marc Lavoine, Jean Michel Jarre, Olivier Bron (NDLR clin d'?il perso), ...

Il faut bien se rendre à l'évidence : un CD gravé n'est pas d'une fiabilité à toute épreuve. Qui n'a pas constaté qu'un CD se relisait sans problème chez soi et mal ou pas du tout ailleurs? Les causes sont nombreuses. D'une part les incompatibilités entre graveurs et supports vierges, le mode de gravure, etc... D'autre part, bien sûr, le taux d'erreurs sur un CD est un facteur important. Même un CD du commerce comporte beaucoup d'erreurs. Saviez-vous que ce taux d'erreurs dépend des usines, et de l'état des matrices, et qu'en achetant un CD  vous pouvez très bien tomber sans le savoir sur un exemplaire à la limite...

La lecture d'un disque compact est une opération technique périlleuse. Imaginez la difficulté, pour le faisceau laser, de suivre le minuscule sillon en spirale pas plus large qu'un cheveu (espace entre spires: 1,6 microns), et d'y lire les informations binaires matérialisées par de microscopiques "cuvettes" dont les plus courtes ne mesurent que 0,83 microns (millièmes de millimètre), et sont relues par un faisceau laser dont la longueur d'onde n'est que de 0,78 microns. La mécanique de déplacement du laser est un petit miracle de technologie, mais la relecture correcte d'un CD ne serait pas possible sans un système sophistiqué de correction d'erreurs. Celles qui nous concernent pour le CDR sont dues à l'imprécision du processus et aux défauts toujours présents sur la couche de matière sensible. Ces erreurs, vues par un analyseur spécial, sont de deux types : le BLER et les E32. Le BLER, abréviation de Block Error Rate indique le nombre d'erreurs par seconde (quelques dizaines par seconde correspondent à une bonne qualité). Chaque gravure de CD que vous ferez aura obligatoirement un taux d'erreurs supérieur à zéro. Le tout est d'essayer de le réduire autant que possible, afin de garantir l'intégrité de vos enregistrements jusqu'au studio de mastering ou même une fabrication si le CD sert de master de duplication, mais aussi pour éviter son rejet par l'usine.

Les erreurs E32, quant à elles, consistent en une série d'erreurs telle qu'elle dépasse le seuil autorisé, au-delà duquel un lecteur de CD ne peut même plus se servir de son système de correction, pourtant très sophistiqué.

Schématiquement, sur un compact, les mêmes informations sont splittées, afin que si certains blocs numériques sont détériorés, les informations qu'ils contiennent ne soient qu'une partie du codage original. Ce qui permet d'aller chercher l'autre partie à un autre endroit supposé non détruit. Un circuit de correction d'erreurs fait le travail de reconstruction, et c'est grâce à celui-ci que la lecture d'un CD est possible sans clics numériques, qui autrement se produiraient inévitablement.

Quand ce principe ne peut pas fonctionner, lorsque même les autres morceaux de blocs sont illisibles, un lecteur de CD peut encore essayer de remplir les blancs par interpolation, grâce à un circuit DSP interne (avec des échantillons prélevés dans le voisinage). Précisons ici que les lecteurs de CD sont plus ou moins performants dans la correction des erreurs (d'où certaines différences de prix...), ce qui dépend essentiellement des circuits numériques DSP contenus dans ceux-ci.

Et puis, quand l'interpolation ne peut même pas se produire, on est très mal (c'est aussi le cas pour une DAT). Il se produit une coupure du son plus ou moins brève, particulièrement regrettable si elle se produit en plein dans votre chorus de guitare à rendre RMIstes les plus grands métallurgistes de la planète. Autre inconvénient non négligeable: certaines usines, lorsqu'elles détectent un ou plusieurs E32 sur un master CD le refusent purement et simplement ! A noter qu'une gravure multisessions (avec pause entre plages), avec par exemple un graveur autonome, produit entre les morceaux une erreur E32. Ceci produit un CD difficile à dupliquer tel quel par une usine.

Au niveau CD-R, deux conditions sont à remplir pour minimiser les taux d'erreurs. D'une part, les disques compacts vierges n'étant pas tous fabriqués de la même manière, il vaut mieux s'en tenir en priorité à l'utilisation des supports préconisés par le fabricant de l'enregistreur.

D'autre part, il est important de graver à la vitesse maximum autorisée (double, quadruple...). En effet, le phénomène gyroscopique de la rotation à plus grande vitesse permet d'assurer une meilleure stabilité au CD, en même temps que le laser de gravure ne travaille qu'en impulsions plus brèves, (il peut le faire facilement) donc plus constantes. Par ailleurs, la puissance du laser est supérieure pour graver à vitesse plus rapide, donc les empreintes sont plus nettes. N'oublions pas cependant que pour cela, seuls les disques certifiés compatibles doivent être utilisés.

Enfin, cela va sans dire, on évitera poussière, fumée de cigarettes... sans parler des traces de doigts, qui par ailleurs, en cas d'enquête policière, permettront d'identifier le responsable d'un manque de graves sur un morceau qui aurait pu devenir le tube de l'année...

Cela étant dit, du côté DAT, la situation n'est pas brillante non plus. A tel point que lorsque je fournis des masters à MPO pour de la fabrication de cassettes, ils me sont reconnaissants de leur fournir un CDR pour la face A et un autre pour la B, plutôt qu'une DAT. Leur constatation : un certain nombre de DATs présentent des défauts mécaniques dus aux boîtiers. Ils considèrent le CDR comme étant plus sûr. Et on sait que les projets se terminent souvent en dernière minute dans les studios, alors que la mise en place dans les magasins doit respecter des dates bien précises. Un retard de 24h dû à un master défectueux peut avoir de lourdes conséquences... Pour terminer sur les erreurs des deux supports, ne croyez pas que la DAT en est exempte. Loin de là. Les responsables? La bande bien sûr, puisqu'elle comporte une couche d'oxydes métalliques forcément imparfaite. Mais aussi l'enregistreur lui-même et pour différentes raisons : tête usée (ça ne peut pas être le cas avec le laser du CDR), ou encrassée, poussières, etc...

Heureusement, la lecture des informations numériques passe aussi par une correction d'erreurs sophistiquée, mais celle-ci ne peut pas tout réparer.

Peu de lecteurs DAT et encore moins de lecteurs CD indiquent les erreurs, alors qu'elles sont toujours existantes. Par exemple, la série DAT 7000 Sony comportent un affichage visuel LED en face avant. La connaissance du taux d'erreurs est très importante, pour plusieurs raisons. Essentiellement, elle est le reflet de la qualité du transfert.

Le disque dur lui-même est un support d'enregistrement audio- numérique bien meilleur que le CDR ou la DAT, puisqu'il ne comporte quasiment pas d'erreurs.

A noter que lors d'une gravure, le codage de correction d'erreurs est de meilleure qualité en mode CDROM qu'en mode CDR. Ceci explique pourquoi un CDR peut enregistrer 74 mn d'audio, équivalent d'environ 740 MB sur un disque dur, et seulement 650 MB en mode CDROM.

De toute façon, en mode audio, DAT et CDR n'étant pas parfaits, le meilleur conseil est de copier votre mix sur l'un et l'autre, surtout si vous êtes dans l'urgence pour la suite des opérations, et encore plus si votre projet est important. Enfin, pour l'archivage de l'audio, les fichiers WAV ou SDII/AIFF seront bien plus en sûreté sur un CDROM que sur un CD Audio.

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Texte publié avec l'aimable autorisation de Michel Geiss, le 21-05-1999

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