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Interview de Charly Steinberg !

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English Version...


Février 2002, Steinberg.net met en ligne une interview de Charlie Steinberg. Immédiatement, j'envoie quelques emails de ci de là pour avoir l'autorisation de traduire et de mettre en ligne la traduction de l'interview. Autorisation obtenue tout de suite (merci à Jean-Marc et à Yvan pour leur intervention !). Hop, je traduis ce que je peux (moi et l'anglais...) et Daino s'occupe des finitions. Et voilà comment en moins d'une semaine, nous avons pu vous proposer l'interview de Charlie Steinberg en Français ! Les propos tenus n'engagent que leurs auteurs bien entendu, nous, nous ne faisons que traduire ,o) Bonne lecture.

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Charly Steinberg a une immense réputation dans le monde du logiciel musical. Il a non seulement co-fondé la société Steinberg Media Technologies AG et lui a donné son nom, mais il a aussi entrepris le challenge d’en faire une compagnie phare en matière de recherche et de développement. Il ne s’est pas contenté de regarder la technologie en matière de séquenceur atteindre les sommets éblouissants qu’elle connaît aujourd’hui, il lui a permis d’y accéder.

A ses débuts, il a été déçu par les insuffisances techniques des séquenceurs de l’époque. Ce n’était pas seulement par le fait qu’il était peu commode et encombrant pour les musiciens d’utiliser des séquenceurs en pas-à-pas, mais aussi par l’incapacité de gérer de l’audio dans des projets Midi, par le manque d’interfaces utilisateur conviviales et accessibles, par l’absence d’effets intégrés, de hardware et d’instruments virtuels. Lui et son équipe on trouvé des moyens de régler ces problèmes.

Le spécialiste Mike Prager a parlé avec Charly Steinberg de l’histoire de Cubase VST, de la philosophie de la société Steinberg et de la manière dont il envisage de réaliser la toute dernière de leurs innovations : le VST System Link.


Mike Prager : merci de nous accorder un peu de temps Charlie et de nous faire part de tes sentiment sur Steinberg en général. Je suis sûr que tous nos lecteurs sont très enthousiastes de finalement voir "l’homme" en personne.

Charlie Steinberg : vous êtes les bienvenus.

Mike : alors, commençons par le commencement. Tu étais musicien. Comment ton centre d’intérêt s’est-il déplacé de la musique vers la programmation et ensuite vers les programmes de musique ? Comment tout cela a-t-il commencé ?

Charlie : je jouais dans un groupe, qui n’était pas très connu, mais un peu en Allemagne et nous enregistrions dans un bon petit studio. Je me suis intéressé à tout le matériel du studio, à tous ces boutons sur la table et tous ces machins. J’ai appris pas mal de choses de la part de ces gens-là. Et à ce moment-là, mon partenaire Manfred Rürup est arrivé dans ce studio où j’étais ingénieur. Ils m’avaient pris comme ingénieur parce que cela m’intéressait et qu’ils avaient besoin de quelqu’un. Manfred est arrivé avec la version US du magasine Keyboard dans lequel était détaillée la norme Midi. Au même moment, j’avais commencé à m’intéresser aux ordinateurs, j’avais un Commodore 64. Alors j’ai dit : "Ok, on peut enregistrer dans cet ordinateur et ça sera bien meilleur marché que ce studio hors de prix". Je pense que 4 semaines plus tard, nous avions le premier séquenceur. Et voilà comment je suis entré dans ce business.

Mike : le Commodore 64, ça ne date pas d’hier, hein ?

Charlie : ouais, j’ai commencé avec un ZX 81, qui ne disposait que d’1 Ko de mémoire et je jouais aux échecs avec, tu imagines, incroyable !

Mike : et maintenant, 1 Ko c’est désuet.

Charlie : absolument

Mike : d’où est venue l’idée de Cubase ?

Charlie : c’est au moment où Werner Kracht est arrivé, un autre excellent programmeur. Il avait déjà écrit un programme sur C64 et il a amené les "Locateurs" (les Locateurs droit et gauche de la fenêtre d’Arrangement de Cubase), des choses comme ça. L’Atari (1040ST) est sorti alors qu’il avait commencé un programme plus élaboré et qui est devenu le "Pro 24" (préfigurant Cubase). Le Pro 24 avait un panneau, il ressemblait un peu à une machine à bande et l’un des problèmes était que tu ne pouvais pas visualiser ta structure musicale. Nous avons donc essayé de réfléchir aux moyens de la rendre visible. C’est comme ça que Cubase est né. Nous avons beaucoup réfléchi là-dessus parce que l’Atari (comme le Mac) permettait de créer une interface graphique de façon à ce que les événements soient visibles et manipulables, rendant le tout bien plus parlant.

Mike : je suis sûr que les gens se demandent d’où vient le nom "Cubase" ?

Charlie : bonne question... Je crois me souvenir que nous avions plusieurs choix et que nous devions faire des recherches pour voir si le nom était libre, et il était très difficile d’en trouver un. "Cubase" était une combinaison. Je crois qu’il était supposé s’appeler "Cubit" (NDT : succès garanti en France !) et je crois qu’il y avait un problème (NDT : heu, oui, en France je crois !). Bref, nous avons cherché et finalement trouvé "Cubase" qui était suffisamment unique pour n’avoir jamais été utilisé. C’était vraiment la principale raison pour avoir choisi ce nom.

Mike : juste entre nous, es-tu amusé par les différentes prononciations et rédactions ? On lit parfois Q à la place du "Cu" (NDT : moui, bon, ça va ;op) ou on entend Cuba-se.

Charlie (grand sourire) : quand on entend juste le nom, c’est ce qui vient le plus facilement à l’esprit.

Mike : en quelle année Cubase est-il sorti ?

Charlie : en 1989, je pense. Nous (Steinberg) avons commencé en 1982 et la première version de Cubase est née en 1989.

Mike : et maintenant, le succès de Cubase a permis Cubase VST. Qui est lui arrivé en 1994-1995...

Charlie : tu le sais probablement mieux que moi (sourire).

Mike : non. Cubase Audio est né en 1994. Je n’ai pas entendu parler de VST avant 1996. Cela a été un événement à cause des normes VST et ASIO. Aviez-vous idée, au moment du développement, que cela allait devenir un tel phénomène ?

Charlie : non, pas vraiment. A ce moment-là, Cubase Audio tournait sur TDM et du matériel Digidesign. Le Sound Manager du Mac était la seule façon qu’avaient les programmeurs d’avoir accès directement à la carte audio interne. Nous réfléchissions comment nous pourrions utiliser ce matéreil audio, et c’est un peu comme cela que c’est arrivé. C’était la combinaison de plusieurs choses. L’étape suivante a été le fait que je n’étais pas satisfait des vu-mètres (dans Cubase Audio). En tant qu’ingénieur, je ne les trouvais pas à mon goût et c’est pour ça que j’ai été amené à rencontrer Frank Simmerlein. Il travaillait pour la compagnie mais nous n’avions rien en commun. Alors, j’ai parlé avec lui et il m’a dit "J’ai fait quelques croquis il y a quelques temps, mais personne n’a voulu m’écouter, comme d’habitude". Et nous avons fini avec quelque chose ressemblant à ceci (il pointe du doigt vers un écran affichant un vu-mètre de Cubase 5.0). Il m’a donné ce truc et je l’ai intégré. C’est venu d’un seul ensemble avec le Sound Manager. Ensuite j’ai dit "Bien, j’ai aussi cette sorte de Chorus, là. Serait-il possible de l’intégrer ? ". Et c’est comme ça qu’est né le phénomène. Cet ensemble a fait l’idée de VST, sur laquelle nous avons travaillé et travaillé, et j’ai pensé que c’était vraiment bien à utiliser.

Mike : et c’était la version 3.02, car avant il y avait juste Audio XT, non ?

Charlie : une fois encore, tu en sais plus que moi (rires).

Mike : VST a bien sûr évolué de différentes manières. Avec maintenant des centaines de plug-ins sur la marché et plus de 80 cartes son (NDL : à ce jour, nous en avons répertorié 101 sur l’ECVST !), quelle sorte de satisfaction tires-tu de tout cela ? Il y a vraiment une grosse fréquentation sur le Cubase Webring, et à voir tous sites destinés à la création de plug-ins...

Charlie : Les bureaux de Steinberg à HambourgDéfinitivement C’est vraiment un challenge et cela compense pour beaucoup de choses, qui s’intègrent dans le mouvement occasionnellement. Car ouvrir la plate-forme c’était aussi ouvrir le marché à la concurrence. Mais cela a fait beaucoup de bien car tout le marché a bénéficié de VST, ce qui est une bonne chose, je pense que les gens doivent avoir le choix. Surtout quand il s’agit d’effets, de compresseurs, de réverbes, de ce genre de choses. Et c’est un vrai plaisir que de voir comment les gens ont pris le train en marche.

Il y a aussi beaucoup de plug-ins gratuits un peu partout, aussi indispensables, et comme je fais toujours un peu de musique, je suis heureux de parcourir Internet et de découvrir tous ces trucs incroyables. Alors oui, tout ça fait que j’ai envie de poursuivre avec cet état d’esprit. Tout ceci est aussi exact pour l’ASIO. C’est tellement plus facile pour nous de se détacher du matériel audio. Même s’il y a eu des problèmes avec les systèmes d’exploitation et ce genre de chsoes, bien sûr. Mais c’est une bonne mesure pour cela arrive et de permettre un choix, ce qui est bien pour l’utilisateur. Cette carte donne exactement ce dont il a besoin et il peut choisir.

Mike : revenons un peu plus au futur ou au présent qui pourrait...

Charlie : Futur présent... (rires)

Mike : ...être les VSTi. Et une fois encore, c’est devenu un vrai phénomène autour duquel les gens développent des instruments. Il doit y en avoir 40 ou 50 disponibles. Cela doit être plaisant pour vous.

Charlie : C’était vraiment mon rêve initial, construire un synthétiseur. J’ai eu plusieurs approches concernant le hardware, qui ont toutes échoué d’ailleurs. Mais cela a toujours été un challenge pour moi que d’assembler des choses faisant du son et capable d’en créer par elle-mêmes. Alors quoi, nous avions déjà notre architecture de plug-ins et la seule chose qui manquait était une connexion de type Midi. Alors, naturellement, nous sommes allés un peu plus loin car le protocole qui va de Cubase VST, de Nuendo ou de toute autre application VST, aux plug-ins VST permet bien plus de choses que le Midi qui a ses limites et ses restrictions. L’une d’elles était le timing, nous avions la synchronisation à l’échantillon près, et il y a bien plus que vous ne pouvez définir dans cette norme. Alors oui, nous l’avons fait (créer les VSTi), nous avons conçu quelques exemples et les gens ont une fois de plus accroché, ce qui est géant à voir. Je n’y croyais pas vraiment. Mais d’un autre coté, c’était la suite logique des choses, je pense. Quand tu construis un studio, tu commences par la table de mixage, l’Audio, le Midi, puis les effets et pour finir, tu as besoin d’instruments. Maintenant, nous avons besoin d’ordinateurs puissants.

Mike : Et maintenant (NDT : février 2002) que les processeurs tournant en GHz sont en vente et que l’on trouve des machines multiprocesseurs sur les deux plates-formes (Mac et PC), y a-t-il un instrument que vous préférez ? Quel est le premier que tu utilises quand tu commences à travailler sur une idée ? Personnellement, je commence soit avec LM4 pour avoir un bon groove de batterie, soit avec Model E pour une approche plus mélodique.

Charlie : C’est à peu près la même chose en ce qui me concerne. LM-4 est toujours là avec Model E ou Pro 52. J’utilise souvent le VB-1 car il n’y a rien qui descende aussi bas. J’aime aussi le B4 et occasionnellement, tout le reste. J’utilise aussi l’USM, je sais bien que ce n’est pas le top du top mais il peut suffire pour les sons de pads ou des trucs de ce genre. Et bien sûr, j’utilise HALion maintenant, qui est vraiment chouette. Je m’en sers de façon créatrice, j’enregistre quelque chose dans Cubase, une voix, un clap ou n’importe quoi d’autre, je le "time-stretche" et ensuite, je le charge dans HALion et le joue comme un sample.

Mike : Quel est ton sentiment par rapport à toutes les autres technologies qui ont été intégrées à Cubase comme ReWire, qui a maintenant pris son importance avec l’arrivée de Reason et bien sûr, avec ReBirth.

Charlie : Bien sûr que c’est une grande étape. Cela vous donne plus de possibilités surtout si vous regardez ce que Reason sait faire. C’est un machin incroyable, vous pouvez faire un tas de choses et vous disposez de plein d’instruments supplémentaires, vous pouvez utiliser Reason pour « séquencer », c’est donc une bonne chose que d’avoir tous ces choix. Nous couvrons beaucoup de styles, vraiment. Vous pouvez trouver Cubase VST partout, dans un enregistrement de musique Country ou de Techno, et cela requiert beaucoup de choix, et c’est très bien de disposer ainsi de ReWire.

Mike : Sur un plan plus personnel, il faut que je vous demande une chose : avec tout le travail que tu fais, et je sais que tu réponds aux questions par emails, aux USA, je lis tes réponses datant de minuit (21 heures en Allemagne), comment fais-tu pour avoir une vie de famille ? Et pour dormir ?

Charlie : et bien, dormir est une question délicate. Le côté familial est ok, vu que je travaille de 08h00 à 20h30, ce qui représente à peu près une journée de travail de 12 heures. Alors, ouais, je trouve du temps le week-end. J’adore ma famille, on est bien ensemble, ils se plaignent bien sûr, comme tous les gens qui voudraient que je leur consacre plus de temps, mais c’est comme ça. Tout va vraiment bien pour moi, même si c’est beaucoup de travail et de stress. Beaucoup d’emails n’est pas un problème. J’en reçois des centaines par jour, sur lesquels je dois au moins jeter un oeil, j’ai horreur de ne pas répondre car je sais ce que c’est que d’envoyer une demande à quelqu’un qui ne répond pas. Alors ouais, tout ça est trop mais ça doit être fait et il y a encore des défis à relever, ce qui me motive.

Mike : Nous attendons avec impatience les prochaines technologies qui vont être implémentées dans Cubase V...

Charlie : Nous travaillons sur le tout nouveau VST Link System. Pour quelques, j’espère même pour de nombreux utilisateurs, cela va permettre quelques-unes des possibilités qu’ils attendaient. Avec ce système, vous pouvez augmenter la puissance de calcul disponible, ce qui vous autorise plus d’effets et de VST-is. Plusieurs stations de travail peuvent travailler sur un même projet en même temps, par exemple avec aussi de la vidéo. Ce n’est pas seulement de la synchro au sample près, vous pouvez aussi envoyer des informations Midi à des VST-i tournant sur d’autres machines, le tout calé au sample près. Cela vous donne bien plus de possibilités. Nous construisons encore le studio virtuel. System Link vous permet de mettre en réseau vos machines VST en temps réel avec la même synchronisation que dans VST.

Mike : merci d’avoir pris le temps de nous répondre.

Charlie : : De rien, çe le fait plaisir.


VST System Link est le tout dernier d'une longue lignée de technologies à succès développées par Steinberg. Sur notre page Partenaires VST, nous présentons une sélection de société du domaine de l'audinumérique dont les produits mondialement connus sont basés sur des technologies Steinberg comme VST et ASIO.

Traduction Daino et FeedBack, le 15-02-2002

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