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Nuendo Live !

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Pas la peine d'y songer, je n'effacerai pas 15 ans de sonorisation de concerts d'un coup de noise-gate. Les vieux démons n'étaient pas loin et à peine ai-je sorti Nuendo de sa grosse boite blanche que l'appel de la scène retentissait de nouveau... Un coup d’œil sur la bête m'a tout de suite convaincu : mais c'est bien sur !... ce machin, là, c'est fait pour enregistrer live !!!


Pourquoi Nuendo ?

Pour un bon paquet de raisons en fait. Tout d'abord pour les fonctions de mix en Surround... Quitte à faire un enregistrement Live, pourquoi ne pas en tirer un DVD live ? Et en profiter éventuellement pour se faire un Authoring avec le choix entre un mix stéréo et un mix 5.1 ? Par ailleurs, quand il tourne sur une machine stable, Nuendo est quasiment implantable et dans le cas d'un enregistrement Live, inutile de préciser que la stabilité est impérative...

Un autre argument de poids est plutôt d'ordre commercial : enregistrer sous Nuendo permet d'exporter très facilement les fichiers vers d'autres plates-formes. En OMF vers Protools ou vers Avid par exemple si l'on doit faire un montage avec de l'image, ou vers à peu prés n'importe quoi d'autre suivant les besoins. A noter tout de même que Nuendo gère assez bien les pistes vidéo et c'est agréable de pouvoir les y importer pour le mixage final.

Mais le principal atout consiste en sa compatibilité totale avec Cubase SX qui lui, est très bien implanté dans le milieu des musiciens et des productions "home-made". Il est donc relativement simple avec ce système d'enregistrer un concert dans de bonnes conditions en multipistes, pour le compte de l'artiste lui-même, et de lui fournir ensuite le fichier multipistes de manière à ce qu'il puisse finaliser le produit tranquillement en home studio pour un coût négligeable.


Configuration informatique

Nuendo n'est pas très gourmand en ressources. J'utilise donc des machines plutôt conçues pour être stables que puissantes. Au début, j'ai fait des tests avec un serveur quadrixeon. Puissant, très fiable, mais aussi très lourd, très bruyant (essentiellement à cause de ses alims 700 watts redondantes) et extrêmement coûteux en pièces détachées. Les disques durs, vendus dans des tiroirs spécifiques pour entrer dans les baies hot-plug sont sur ce point un véritable problème quand on considère les coûts d'archivage. Finalement, je me suis rabattu vers une plus petite configuration à base de bi-pentium 1 gHz, qui une fois rackée tient dans 3 unités. Là aussi, c'est largement dimensionné pour faire de l'enregistrement Live, il est même possible d'utiliser beaucoup moins puissant. Pour donner un exemple, j'utilise parfois en secours un petit portable Compaq E500 qui tourne sous PIII - 600Mhz avec 256Mo de ram. J'enregistre avec simultanément 26 pistes, et, en plus de rafraîchir correctement les vu-mètres d'entrée de Nuendo, il est capable de me tracer les formes d'ondes en temps réel, le tout pendant des heures et sans tousser. C'est une solution intéressante sur une tournée car elle a l'avantage d'être portable, l'adjonction d'un disque externe Firewire étant toutefois indispensable.

Pour ce qui est des cartes son, j'utilise pour ma part des RME Digiface. Ces cartes sont très bien conçues au niveau des drivers et sont extrêmement stables. Elles permettent aussi de laisser le choix des convertisseurs en fonction du type de prestation.

Dans l'optique d'éviter la plantade fatale (est-il utile de préciser qu'il n'y a pas de "deuxième prise" ?), la présence d'un bon onduleur est très fortement conseillée. Outre le fait qu'il garantit une alimentation stable aux ordinateurs, il va permettre de faire un back-up de l'enregistrement en cours même en cas de panne électrique. Il en existe des modèles de l'ordre de 1200VA rackables sous 2 unités.


Régie mini ou semi-remorque ?

Pour bien préparer l'enregistrement en lui-même, il faut un élément indispensable : les fiches techniques. Tous les moyens sont bons pour les récupérer... Il faut principalement celle(s) du ou des groupes qui vont jouer, celle de la salle (ce qui permet souvent d'éviter un "repérage" préalable) et celle de l'équipe technique en charge de la sonorisation. L'idéal est d'être autonome, mais on peut réduire drastiquement les coûts en utilisant une partie du matériel de sonorisation (micros, boîtiers de scène, consoles) pour faire transiter le signal jusqu'aux convertisseurs. Les fiches techniques permettent de vérifier la compatibilité du matériel déjà sur place avec celui que l'on compte apporter.

Personnellement, je rajoute au minimum un couple de micros chargés de prendre l'ambiance de la salle, ça donne du corps à l'histoire et ça permet éventuellement de faciliter le travail sur les voix arrières dans l'éventualité d'un mixage en 5.1 ultérieur. Ceci dit, la plupart du temps il vaut mieux venir avec une bonne console, ses propres multipaires, un boîtier de scène sérieux avec des recopies et quelques micros exotiques pour le cas où. Je conseillerai aussi un bon testeur de câbles et un contrôleur, quelques transfos de symétrisation et peut-être une ou deux DI, histoire de faire bonne mesure.


Prise de son

Inutile de le préciser, le gros du boulot se trouve là, dans le choix et le placement des micros. Relativement souvent, ces choix vont différer selon que l'on se place du point de vue du sonorisateur ou bien du preneur de son. Les kits de micros "standards" en sonorisation sont généralement peu changeants et personne ne les remet vraiment en question ; "et un seumeu 57 pour la Snare steuplait Bébert !" ;-D .

En supposant que vous décidiez de le remplacer par le Neumann KM184 tout neuf que vous avez emmené avec vous, il va falloir négocier avec l'équipe de sonorisation, et dans ce cas précis, une bonne expérience de la sono peut aider.

Un plateau à gérer sur du Live c'est souvent assez "bourrin". Il faut balancer, pas le temps de trop faire dans le subtil. Moralité, pendant que tout le monde part dans tous les sens, autant en profiter pour vérifier l'état des pieds de micros et leur placement pour éviter qu'ils transmettent des bruits parasites aux micros (chocs, vibrations, etc), vérifier le placement des micros et des retours de scène pour limiter au maximum les repisses les plus importantes et s'il reste un peu de temps, mettre un petit coup de gaffeur par ci par là pour sécuriser le tout. Autre exemple de négociation possible avec les sonorisateurs : le réglage des toms de batterie. La plupart du temps en Live, on a tendance à les "mater" consciencieusement parce qu'il est très difficile de les "gater" de façon efficace et que leurs résonances (particulièrement quand il s'agit de batteries réglées avec les pieds) peuvent s'avérer gênantes dans le mix. Or, pour l'enregistrement, ces problèmes sont moins flagrants parce que plus faciles à traiter tranquillement de retour au studio, et par contre, avoir un peu de "corps" dans les toms peut se montrer payant.


Réglages de Nuendo

Avant même de s'attaquer à la configuration de Nuendo, il vaut mieux faire un ou deux benchmarks sur la bécane pour vérifier que les accès aux durs se passent correctement. Sur de l'UDMA on obtient assez facilement des taux de transferts réels aux alentours de 40 Mo/sec en écriture et on fait un poil mieux avec de l'U160 SCSI. Si ça roule de ce coté, on peut se préparer un projet audio sous Nuendo dans lequel on va créer le nombre de pistes requis (généralement entre une vingtaine et une trentaine). Faire rouler le projet à vide permet de contrôler le comportement des jauges et notamment celles des accès disque et d'occupation CPU. Si elles s'affolent, pas de panique, un petit réglage de taille et de nombre de buffers devrait remédier rapidement aux soucis éventuels de glitchs. Après ça, il n'y a plus en théorie qu'à lancer l'enregistrement, en faisant attention de ne pas l'avoir laissé en mode Cycle (toi aussi quand même !!!) ... ;-)


Photo : Sister Carol, Earl Sixteen, U-Brown & Rod Taylor - Enregistrement live, Paris 2003... © Copyright Serial-P.


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Serial P, le 20-06-2003

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