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Revue de Cubase 10

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Traditionnellement chez Steinberg, fin d'année rime avec nouvelle version du Cubase. Les années paires, on change de numéro de version, les années impaires, on passe à une version intermédiaire.

2018 respecte cette mécanique maintenant bien huilée, voici donc la version 10 du séquenceur signé Steinberg. Le chiffre rond pouvait laisser espérer une toute nouvelle mouture, comme SX1 l'a été après Cubase VST 5. Ne rêvez pas, il n'en est rien. S'il y a bien du nouveau, on reste en terrain connu, maitrisé, je dirai même, en zone de confort. Malgré tout, certaines nouveautés méritent vraiment d'être citées car elle sont bien pensées et deviennent vite indispensable. On y va ?

PS : merci à Stefan Christian de nous avoir fourni la version de test...


Machine de test

Suite à un déménagement, j'ai dû lasser mon PC dans son carton car il n'a pas trouvé sa place dans ma nouvelle demeure. Pas de souci, mon MacBook Pro l'enterre largement en termes de performances !

Autant dire que ça fonctionne très bien et qu'y charger la demo song de Cubase 9.5 le chatouille à peine. Je n'ai pas eu de plantage, Cubase 10 est très stable malgré son jeune âge.


Installation sans douleur

Du coup, je ne sais pas ce que ça donne sur PC, mais là, aucun souci quant à l'installation faite via le Download Manager de Steinberg. eLicencer n'a fait aucune pitrerie, en 10 minutes, c'était plié, téléchargement compris, vive la fibre !


Un Cubase, trois versions

Là encore, rien de neuf, on reste avec les trois déclinaisons habituelles, à savoir :

Pour savoir de quoi sont privées les versions Artist et Elemements, il y a ce tableau en ligne.

J'ai inspecté ce tableau et je dois dire que pour quelqu'un dont les besoins sont de niveau "amateur" (ce n'est pas une injure), la version Artist est une option qui peut être envisagée. Pour 250 euros de moins que la version Pro, il y a déjà là de quoi faire du très bon travail.


En Terre inconnue ? Ou en terrain connu ?

A l'ouverture du logiciel, on se retrouve comme à la maison. L'interface n'a pas ou peu changé, juste quelques retouches esthétiques par ci, par là. L'interface a été optimisée pour les écrans 4K et Retina et il est vrai que c'est très lisible sur le modeste 15 pouces de mon Macbook malgré mes yeux de taupe. Mais il est évident que Cubase s'exprimera plus confortablement sur les grands écrans dont nous disposons en 2018 et que 2 écrans seront bienvenus. J'ai lu les commentaires de certains qui se gaussaient : "Wouha, comment c'est moche !". Heu... Il faudrait quand même admettre une fois pour toutes que ce type de jugement est tout à fait subjectif et que personne ne détient de vérité absolue en la matière. Et c'est tant mieux ! Perso, je trouve l'interface élégante, ni trop bling bling, ni trop austère, bref, j'aime bien.


Vous êtes recalé !

Inutile de faire durer le suspens, voici, pour l'utilisation que je fais de Cubase, la nouveauté qui me plaît le plus dans cette version. La fonction est tellement nouvelle qu'elle n'a pas encore été traduite dans le menu Audio :)

Quand des pistes de choeurs ne sont pas super synchros entre elles ou avec la voix lead, Audio Alignment permet d'y remédier. On indique à Cubase quelle est la source et quelle est la cible. L'algorithme va analyser hauteur de note et mots pour recaler tout ça. Et ça fonctionne vraiment bien. Voici un exemple. Chose amusante (pour moi), en fouillant parmi mes projets Cubase à la recherche d'un cas concret, je me suis rendu compte que ma Chianteuse était un véritable métronome. Du coup, bah, j'ai défoncé un fichier audio pour obtenir un truc vraiment moche.

Avant



Après



En résumé, c'est simple et efficace. Mais comme souvent chez Steinberg, il y a ce petit truc agaçant dont on sait qu'il sera probablement corrigé sur la 10.5 : pour utiliser Audio Alignment, il faut un fichier brut sans aucun traitement en temps réel. Donc, soit on fait ce travail avant toutes insertions d'effets, soit on est obligé de convertir l'événement Audio en fichier. Pourquoi ? La question se pose.

C'est d'autant plus agaçant que le message d'alerte ne se présente pas toujours. Au premier essai, je ne comprenais pas pourquoi Cubase refusait de sélectionner la piste source. C'est en allant lire le manuel en ligne que j'ai découvert cette limitation. Si l'alerte était apparue dès la première fois, j'aurais économisé un peu mon temps.


La quinte juste...

Petit clin d'oeil aux fans de la série Kaamelott pour aborder un autre tripatouillage des voix, VariAudio. Apparu dans Cubase 5 (ça nous rajeunit pas), la version 10 y apporte quelques améliorations et lui attribue le grade de VariAudio 3. Bon, là, il faut bien l'avouer, on peut aller du léger ajustement à la déformation la plus extrème afin d'obtenir des effets très à la mode, histoire de concurrencer un célèbre correcteur de tonalité. Beurk ! VariAudio 3 permet :


Je ne sais pas quelles sont les pratiques dans les studios pros, mais je n'ose pas imaginer le temps qu'il faudrait pour corriger toute une piste note par note, nuance par nuance. Mais si on se retrouve avec des pistes perfectibles et que le chanteur n'est plus dispo pour refaire le job, VariAudio pourrait bien sauver le projet. Je me dis aussi qu'à vouloir obtenir la piste parfaite, on y perd sûrement un peu de l'âme de l'interprète car après tout, le talent d'un chanteur réside aussi dans ses faiblesses. Bref ! Tout ça pour dire que VariAudio 3 fait très bien le job, qu'on se limite à quelques légères retouches ou que l'on décide de faire dans l'expérimental.


SnapChat ? Nan, SnapShot !

Cubase 9 avait apporté l'Undo / Redo sur la console, Cubase 10 y ajoute les Instantanés, SnapShot pour les Geeks. Il s'agit de prendre une "photo" de la console à un instant T et de pouvoir la rappeler à tout moment. Puissant !

Si l'Undo permet de revenir sur notre mixage action par action, l'Instantané permet lui de revenir 10, 20, 100 actions en arrière. Autre point fort, il est possible de ne photographier que certains paramètres. Imaginons que les niveaux soient bien gérés, mais que l'on ait un doute sur le EQ, il suffit de ne prendre des photos que les EQ. Ainsi, on pourra recharger un Instantané en ne rappelant que les EQ, sans retoucher au niveau des Faders qui pourraient eux avoir bougé entretemps. Redoutable. Ah oui, bonne nouvelle, contrairement à l'historique Undo / Redo qui est perdu à chaque fermeture du Projet, les Instantanés sont eux sauvegardés.

Comme il faut quand même rester critique, je vais signaler deux petites choses qui viennent un peu tempérer mon enthousiasme :

Et si on a une RAM de poisson rouge qui fait qu'on va oublier pourquoi on touche au mixage, il y a un bloc-note sous chaque Snap...


Tu fais glisser et tu déposes

Les grincheux, dont je fais parfois partie, diront que cette nouveauté existe chez la concurrence depuis pas mal de temps. Bah, et alors ? Et il est vrai qu'à l'usage, hum, on se dit qu'on aurait bien aimé avoir ça avant. De quoi c'est donc que je cause ? De la possibilité de faire glisser un VST instruments de la MediaBay vers le Projet, ou un effet VST vers une nouvelle piste Effet.

Encore mieux, on peut déposer un Preset parmi ceux que propose l'effet ou l'instrument. Mais encore mieux que mieux, un effet VST peut être déposer dans un slot d'Insert ou d'Effet Send. Là, on gagne vraiment un temps de dingue d'autant que la MediaBay dispose d'une fonction de recherche qui permet de localiser les Presets dédiés à la basse par exemple. Redoutable.

Mais... Il y a quelques petits trucs un peu étranges :

Oui, je chipote un peu, mais Cubase restant une référence en matière de séquenceur, on lui accorde peu le droit à l'erreur.


Very Good Strip

Le Channel Strip ou la Configuration de Voie pour les anglophobes a été re dessiné. Rien de nouveau en termes d'effet ou d'algo, c'est juste une refonte ergonomique et esthétique. On pourrait se dire, bof, se sont pas trop foulés...

Oui, mais non ! S'il est vrai que la qualité de votre mixage ne sera pas remise en cause par ce relookage, il n'en reste pas moins qu'avoir tout les contrôles de chaque effet à portée de mulot est bien pratique. Certains effets bénéficient d'un bouton Edition qui donne accès à l'interface complète du plugin. Dommage que ce ne soit pas prévu pour tous les effets. Les plus exigeants pourront même choisir l'ordre des effets en les déplaçant tout bêtement.


Va falloir se faire une raison

Je ne vais pas conclure en disant une fois de plus que l'arrivée d'un nouveau Cubase n'est plus un bouleversement comme cela a pu l'être pendant des années, c'est ainsi, et cela peut se comprendre si on se veut un tant soit peu objectif.

Première chose : s'il n'y a que peu de "grosses" nouveautés, il y a quand même un travail de fond qui fait que de nombreuses "petites" fonctions sont ajoutées ou améliorées sans que ce soit mis en avant dans la présentation faite par Steingerg. Et mine de rien, tous ces petits ajouts représentent du travail et du plus pour nous les utilisateurs. Il suffit de faire le tour des différentes revues disponibles en ligne pour réaliser que chacun relève ce qui l'interpelle et que si on compilait toutes ces revues en une seule, la liste des nouveautés serait assez copieuse et finalement respectable. Par exemple, je n'ai pas parlé :

Conclusion, dire que Cubase 10 est une mise à jour mineure est faux. Je pense qu'il ne faut plus attendre des séquenceurs, quels qu'ils soient, qu'ils réinventent la roue tous les six mois. Dans les années 90 et 2000, il y avait une montée en puissance des ordinateurs. Rappelez-vous, doublement de la puissance des processeurs tous les 18 mois. Les éditeurs de logiciels se sont gavés de cette puissance nouvelle, et nous avec. Tout était à inventer, et tout ou presque a été inventé. Subitement, on a eu des cartes son qui permettaient de faibles latences, on a eu des ordinateurs assez puissants pour faire des calculs si complexes qu'on pouvait faire tenir un orgue Hammond dans une simple plugin. Les systèmes d'exploitation ont enfin atteint une maturité qui fait qu'on les oublie. Il n'y a même plus de débat PC / MAC, c'est tout dire !

Ce que je veux dire, c'est que Cubase, comme ses concurrents, n'est plus dans l'invention pure, il est maintenant dans sa propre continuité. On n'est plus dans la révolution, mais dans l'évolution. Il faut que nous, utilisateurs, acceptions cet état de fait et que nous arrêtions de rêver du grand soir qui n'arrivera pas.

Que demander de plus à Cubase ? Une panoplie de VSTi un peu plus touffue et un peu plus haut de gamme ? Idem pour les effets ? Un moteur audio optimisé qui ne tousse pas quand on le bouscule un peu trop ? Oui, certes. Mais une fois encore soyons honnêtes : faut-il exiger 50 nouveauté à chaque version alors qu'on n'utilise que 20, 30, 40, 50 % de ce que Cubase propose ? C'est sur cette question existentielle que j'abandonne ceux qui ont eu le courage de me lire jusqu'ici. Avec cette dernière remarque :

On pourrait débattre de la question de savoir si cette nouvelle version mérite son 10 ou bien si elle n'aurait mérité qu'un modeste 9.6, mais au final, on s'en fout un peu non ?

Configurations requises

Comme Steingerg ne donne plus (je n'ai pas trouvé en tout cas sur leurs sites), de configuration minimum, je colle ici ce qui était conseillé pour Cubase 9.5 : Les recommandations matérielles sont identiques pour PC et MAC (Windows 7, 8 et 10 , Mac OSX Sierra et supérieur en 64 bits. Côté matériel :

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Pascal Valentin, le 30-12-2018

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